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| Le Grimoire de Gayac, L'Alliance | |
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Myrtille7239 Amibe
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Le Grimoire de Gayac, L'Alliance Mer 28 Avr à 15:29 | |
| Prologue
« Il est le vide… il est la mort… » Ces murmures se répétaient inlassablement. De gros nuages sombres zébrés d'éclairs recouvraient le ciel d’un noir d’encre piqué de quelques rares étoiles. Un épais brouillard cachait un monde perdu au milieu de l’océan. Des vagues gigantesques s’écrasaient sur un rivage où s’échouaient des algues noirâtres, au pied d’une haute montagne dont le sommet glacé touchait le ciel. Une cascade jaillissait des rochers et formait un long fleuve où des chevaux ailés venaient s’abreuver après de longs galops à travers une plaine verdoyante. Enfin, une forêt à perte de vue dissimulait un immense palais d’un blanc immaculé dont les portes menant à une grande salle étaient ouvertes. A l’intérieur, des soieries rouges et brodées d’or tombaient en cascade sur quelques pans de murs et le plafond était soutenu par de hautes colonnes grises. Là, au centre de la pièce, incrusté sur le sol de marbre, se trouvait un socle sur lequel reposait un gros livre où était inscrit en lettres de sang : « Quatre guerriers qui sortiront de l’ombre Qui reviendront après les jours sombres Que s’ouvre devant eux le sanctuaire Pour qu’enfin le roi mort hier Puisse à Garthen régner Avant le fils du sorcier » Au fond de la pièce tout d’un coup devenue sombre, surgit une silhouette difforme avec deux grands yeux jaunes fixant le vide. Et une voix rauque s'éleva : « Grands guerriers des temps anciens ! Réveillez-vous ! » | |
| | | Myrtille7239 Amibe
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Re: Le Grimoire de Gayac, L'Alliance Mer 28 Avr à 15:29 | |
| Chapitre n°1
« Grands guerriers des temps anciens… ! Réveillez vous… ! » Adam n’avait pas dormi de la nuit et resta allongé sur son lit. Les voix et les cauchemars augmentaient au fur et à mesure des jours. Il passa la main sur son front brûlant mais ne se sentit pas fiévreux, juste très fatigué par le manque de sommeil. Il regarda autour de lui. Sa chambre était sombre, à peine éclairée par les lueurs du soleil qui brillaient au-dehors. Sur son bureau, dans un coin de la pièce, des cahiers étaient empilés les uns sur les autres. Il se leva d’un bond puis toussa légèrement. Le dimanche étant généralement un jour calme, il décida de le savourer pleinement vu que depuis quinze jours rien n’allait comme il le voulait. Malgré son mètre soixante, Adam donnait l’impression d’avoir presque dix-huit ans et non quatorze. Il est vrai qu'il était le seul homme de la maison. De ce fait, il avait acquis une grande maturité. Il avait de courts cheveux bruns et des yeux bleu clair, ce qu’il considérait comme seul héritage de son père. Ce père inconnu, qui avait quitté sa mère bien avant sa naissance, il le détestait. Pendant des années, il avait trop attendu son retour en se demandant pourquoi ses amis avaient un « papa » et non lui. Sa mère ne lui en parlait jamais et à chaque fois qu’il amenait cet homme dans la conversation, elle évitait le sujet. Malgré son absence et en dépit de l’antipathie qu’il lui portait, Adam aurait bien voulu le connaître. Il s’assit sur son lit, pensif. L’approche des vacances d’été le ravissait. Il pourrait profiter de ces journées pour aller voir son meilleur ami Chris qui vivait non loin de chez lui. Pendant deux mois, il ne verrait pas son pire ennemi Jeffrey Maïnon, le fils d’un promoteur immobilier de la ville. Véritable « fils à papa », Jeffrey se voyait déjà à la place de son père et se vantait du compte épargne que ses parents avaient fait ouvrir pour lui assurer un avenir qu’il voulait exceptionnel. Jeffrey vivait avec une famille unie et il avait un père contrairement à Adam. Il y avait aussi cette manie de se croire supérieur aux autres. Il n’était d’ailleurs ni intelligent ni idiot mais simplement stupide de se prendre pour le centre du monde. Il voyait tout un chacun comme son serviteur. Et Adam, qui n’avait jamais cédé au moindre de ses caprices, n’était pas le bienvenu dans son univers. Ce dernier soupira, il n’avait pas envie d’affronter cette dernière semaine d’école et avait hâte que les vacances arrivent. Le temps lui paraissait interminable. De plus, son emploi du temps était incroyablement chargé. À croire que c’était un fait exprès pour le contrarier. Il prit son agenda posé sur son bureau et se mit à le lire avec attention : – Alors ! Cours de huit heures à dix-sept heures avec une pause déjeuner de midi à quatorze heures… demain matin… une heure d’histoire et une heure de sport… récréation… puis deux heures de maths. il soupira devant ce réjouissant programme et continua. L’après midi… trois heures d’ennui… une heure d’anglais suivie de deux heures de français… il leva les yeux au ciel avant de déclarer. Je suis ravi d’aller en cours ! Il haussa les épaules et lança la feuille à travers la pièce. Soudain, sa tête se mit à tourner. Des bourdonnements et des bruits sourds y résonnaient. Il crut que son crâne allait exploser. Puis s’en suivirent les voix, les mêmes murmures que dans ses rêves : « Grands guerriers des temps anciens… Réveillez-vous… ! » – J’ai mal au crâne ! Ça suffit ! Arrêtez ! dit-il en prenant sa tête dans ses mains. Le souffle haletant, il se mit à quatre pattes sur le sol, une main sur son crâne, l’autre essayant de se retenir. Mais la douleur fut si violente qu’il tomba de tout son long sur le sol. Il grimaçait et gesticulait comme si on le torturait. Il avait beaucoup de mal à reprendre son souffle. Puis, il parvint à se calmer et sa respiration redevint normale. Il resta allongé un bon moment sans rien faire ni dire. C’est alors qu’il entendit sa mère crier depuis la cuisine : – Adam ! Viens prendre ton petit-déjeuner ! Chaque dimanche, depuis son plus jeune âge, il devait se lever tôt pour l’aider. – J’arrive… Il se leva tout tremblant. Les voix l’assaillirent de nouveau. « Lève-toi…On t’attend… » Il essaya de ne pas y prêter attention mais en vain. Il pensa alors à une chose agréable. Cela marcha un peu car les douleurs commencèrent à s’estomper. Debout, mais très fatigué, il descendit les escaliers comme un enfant malade. Il était pâle et tout groggy, cela inquiéta sa mère qui l’attendait en bas des marches. Éléonore Holone portait une très belle robe blanche. Assez petite, avec de longs cheveux blonds, elle posa sur lui son regard vert plein d’inquiétude. – Que se passe-t-il ? Tu es malade ? Elle mit la main sur son front mais ne sentit aucun signe de fièvre. Adam déclara d’une voix à peine audible : – Je vais bien maman… Elle le coupa d’un geste agacé : – Bien ? Regarde-toi ! Il s’observa dans le miroir de l’entrée où il put voir ses cernes et ses petits yeux rougis À l’évidence, il couvait quelque chose. Mais il ignorait quoi. Il ne pouvait expliquer ce qui lui arrivait et ne voulait pas que sa mère l’emmène se faire ausculter de peur d’avouer qu’il entendait des voix et de passer pour un fou. Autour de lui, il eut l’impression que tout avait changé. L’entrée lui paraissait plus petite que d’habitude, bien que leur maison ne soit pas très grande. En entrant, à droite se trouvait le salon, au fond la cuisine et à gauche, l’escalier qui menait aux deux chambres. La décoration était d’un goût simple et sobre. Il y avait peu de photos sur les murs et aucun objet familial, sa mère étant orpheline. Adam ne lui connaissait aucun parent proche. Il la considérait comme étant seule au monde. Les voix résonnèrent de nouveau dans sa tête et il manqua de s’évanouir. « Réveille-toi guerrier… Ils t’attendent… » Éléonore, qui avait pu le retenir de tomber, l’aida à s’allongea sur le divan et malgré les protestations de son fils, appela un médecin. Un peu plus tard, le Docteur Minch arriva. Il avait la quarantaine, était petit et un peu enveloppé au niveau du ventre. Il était châtain avec quelques cheveux gris et cachait de petits yeux noirs derrière de minuscules lunettes qui, pour Adam, le faisaient paraître plus âgé. Le jeune garçon savait seulement de lui qu’il était divorcé et qu’il n’avait pas d’enfant. Le médecin le regarda avec curiosité. – Bien ! Mon garçon… Que se passe-t-il ? Evitant de lui parler des voix qu’il entendait dans sa tête, Adam se contenta de répondre avec une certaine arrogance : – Je vais bien docteur… c’est juste que… je ne dors pas beaucoup en ce moment… Pourquoi perdre son temps à lui expliquer ce qui n’allait pas ? Le Docteur Minch n’écoutait Adam que d’une oreille. Il préférait regarder par la petite ouverture qui donnait dans la cuisine où se trouvait sa mère. Adam n’aimait pas du tout les yeux de prédateur de ce médecin. Histoire d’interrompre sa rêverie, il s’exclama : – C’est ma santé ou les talents culinaires de ma mère qui vous intéressent ? – Adam ! ? dit Éléonore, étonnée du ton utilisé par son fils. Elle vint jusqu’à lui et s’assit sur le divan. Elle approcha sa main de la sienne. Mais pour toute réponse, Adam leur tourna le dos en ronchonnant. – Qu’en pensez-vous docteur ? Qu’est-ce qu’il a d’après vous ? Un peu plus concentré, le médecin s’adressa au garçon en soupirant : – Sais-tu pourquoi tu ne te sens pas bien Adam ? Le Docteur Minch attendit une réponse qui ne vint jamais car Adam se contenta de hausser les épaules. L’obstination de ce dernier eut raison de la patience du médecin qui lui conseilla de se reposer. Puis il fila dans la cuisine avec Eléonore. Adam en profita pour se lever discrètement. Il se dirigea vers la petite ouverture pour les observer. Il vit des choses qu’un garçon de son âge pouvait aisément comprendre et cela le mit dans une colère noire. Quand ils s’embrassèrent, il crut perdre la seule personne au monde qu’il adorait. Il eut l’impression qu’un coup de poignard lui transperçait le cœur si violemment qu’il faillit en perdre l’équilibre. « Comment peut-elle faire une chose pareille ? » se demanda t-il furieux. Il était hors de question que cet homme s’amuse à jouer le rôle d’un père qu’il n’avait jamais connu. Soudain un violent claquement de porte les fit tous sursauter. Éléonore recula quand elle s’aperçut que son fils les avait surpris. Adam se recoucha aussitôt. Les deux autres le rejoignirent dans le salon et ne trouvèrent aucun mot à lui dire. Le jeune garçon ruminait et ne les regardait même pas. – Bien… Adam… dit le médecin avec une grande hésitation. Repose-toi… Adam se leva et se dirigea vers la porte d’entrée. Il ne voulait plus les voir ni les entendre. – Où vas-tu ? Adam ! Reviens ! Éléonore tenta de le calmer mais ce fut inutile. Adam ne la regarda pas et lui lança d’une voix glaciale : – Je vais chez Chris ! Ne m’attends pas ! dit-il avant de claquer la porte, laissant sa mère avec le Docteur Minch. Mais Eléonore, qui le connaissait bien, savait qu’il allait se calmer. Il ne lui restait plus qu’à attendre. Adam se dirigea à grands pas vers la maison de son ami en laissant les deux autres loin derrière lui. Il ne voulait plus penser à eux. Cette histoire lui laissait comme un mauvais goût dans la bouche. Sans ce malaise, sans ces voix et ces cauchemars, jamais cet homme ne serait venu aujourd’hui. Tout à ses pensées, il n’imaginait pas qu’une autre personne était, elle aussi, « attendue » par les voix qui venaient le hanter dans ses rêves. * « Écoute-nous guerrier... Ils t’attendent… » Chris Jolden, de son vrai nom Christopher, le meilleur ami d’Adam, entendait lui aussi ces voix mystérieuses. Blond avec quelques légers reflets roux, Chris dépassait d’une tête son meilleur ami et était aussi mince que lui. Il avait des yeux verts et quelques tâches de rousseur sur les pommettes. “Lève toi…Réveille toi…” entendait-il avec agacement quand les voix se manifestèrent. Contrairement à Adam, il ne s’était jamais évanoui ni n’avait ressenti de violents maux de tête. Mais au moment précis où Adam se dirigeait vers chez lui, pour la première fois, une vision de feu et de flammes frappa son esprit et il perdit connaissance. Il se réveilla sur son lit, Adam à ses côtés, penché vers lui : – Que s’est-il passé ? Ce dernier le regardait d’un air visiblement inquiet. Cependant, Chris, le voyant très fatigué, lui retourna la question d’une voix faible : – Et toi ? Tu as l’air… épuisé… ça ne va pas ? Sur la défensive, Adam lui répondit avec une certaine hésitation dans la voix : – Non… je fais… pas mal de cauchemars… je ne dors pas… beaucoup… enfin… bref… voilà… Sans le quitter des yeux, Chris comprit que quelque chose ne tournait pas rond ; et, comme tout ami qui se respecte, il voulut en savoir plus : – Tu devrais peut-être consulter un médecin. Adam lui dit alors sans sourire : – C’est fait… Ce très cher Docteur Minch vient de me guérir à l’instant… Le visage de Chris s’illumina : – Et alors ? D’un ton léger, Adam répondit avec un long soupir : – Il m’a conseillé de dormir ! – Et tu te crois guéri ? Si tu n’arrives pas à dormir, je ne vois pas en quoi cela t’aidera ! Chris avait un air si sérieux qu’Adam ne put s’empêcher de rire : – Oui, mais il ne m’écoutait qu’à moitié tu sais… Il préférait mater ma mère… L’image de celle-ci embrassant le Docteur Minch lui revint en mémoire. Le visage d’Adam s’assombrit et il chassa vite cette horrible vision. Chris restait silencieux. Il savait combien son père manquait à Adam et comme il refusait la présence de cet étranger entre lui et sa mère. Il n’était pas encore prêt. Adam avait vécu sans père et n’en voulait pas d’autre que le sien. Les voix résonnèrent de nouveau dans chacune des têtes. Mais ils faisaient comme si de rien n’était. « Lève toi…On t’attend… » Ce n’étaient plus des murmures, mais des cris. Malgré tout, Chris et Adam n’osaient rien avouer de ce qui les hantait depuis quelques jours. | |
| | | Myrtille7239 Amibe
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Re: Le Grimoire de Gayac, L'Alliance Mer 28 Avr à 15:30 | |
| Chapitre n°2
Chris ne savait pas quoi lui dire. Quel que soit le sujet de conversation et surtout s’il concernait son père, Adam risquait de se mettre en colère. – Bon ! essaya Chris pour le dérider un peu. Il nous reste une semaine et après c’est les vacances… Mais cela n’obtint pas l’effet escompté puisqu’Adam ronchonna : – Oui, une semaine à supporter monsieur « Compte Epargne » ! dit-il en parlant de Jeffrey. – Oui… mais bon ! Après, c’est deux mois de tranquilité et ton monsieur « Compte Epargne » sera loin, loin, loin… dit Chris en faisant de grands gestes de la main. – Mouais… grimaça Adam. C’est alors qu’ils entendirent le téléphone sonner et la mère de Chris crier : – Adam ! C’est ta mère ! Elle demande quand tu te décideras à rentrer ! Madame Jolden était visiblement habituée à ce que ce genre de dispute arrive entre la mère et son fils. – Bientôt! Adam aurait bien ajouté un petit mot désagréable à propos du Docteur Minch mais il se retint. Il promit juste d’être de retour vers dix-huit heures pour ne pas l’inquiéter. Eléonore savait son fils capable de rentrer tard dans la nuit pour ne pas avoir à la croiser. – Et puis demain il y a cours… je ne peux pas manquer ça ! ajouta-t-il sans sourire. Adam décida de rester manger le midi chez son ami. Il revint à la maison sur le coup de dix-huit heures. Il ouvrit doucement la porte et alla directement dans sa chambre. C’est là qu’il passa tranquillement le reste de la soirée. Même les voix et les cauchemars ne l’empêchèrent pas de tomber dans un sommeil profond et paisible. * Le lendemain, à huit heures moins le quart, Adam et Chris se retrouvèrent au collège « Les Deux Rivières », du nom de la ville où ils vivaient, Belleville les Deux Rivières. Adam s’était toujours demandé pourquoi, étant donné qu’il n’y avait qu’une seule rivière. En entrant dans le collège, les deux amis entendirent des sarcasmes derrière eux : – Ah Ah Ah Ah… regardez les amis, voici les fifils à leur môman… elles ne vous ont pas emmené à l’école ce matin ? Adam ! Pourquoi ne demandes-tu pas à ton père ? Ne supportant plus la méchanceté gratuite de Jeffrey, Adam se jeta sur celui-ci. Jeffrey Maïnon, un rouquin aux yeux verts et de même taille qu’Adam, avait une peau très blanche piquée par quelques tâches de rousseur. – Répète ça, Maïnon et tu vas voir ! Adam était fou de rage et près à lui casser la figure. Cependant, le combat était à peine engagé que les surveillants du collège séparaient les deux garçons : – Adam ! Jeffrey ! Au bureau ! Dans le bureau du directeur, Jeffrey se comporta en victime, se tenant courbé et implorant : – Oui Monsieur, Adam s’est jeté sur moi et… – ... et je recommencerai volontiers… marmonna ce dernier entre ses dents. Le directeur, un homme d’une quarantaine d’année au ventre imposant, avait une petite moustache et des cheveux bruns qui ne masquaient que partiellement un début de calvitie. Il lança un regard furieux vers les protagonistes : – Bon ! Ecoutez-moi bien vous deux ! Je ne veux plus de bagarre à l’entrée du collège ! Est-ce que c’est compris ? Les deux adolescents acquiescèrent et après une courte pause, le directeur reprit : – Vous pouvez partir Jeffrey ! Mais vous Adam, restez ! Jeffrey sortit avec un sourire moqueur. Il lança à voix basse à Adam : – Bonne chance… Le directeur invita ce dernier à s’asseoir : – Adam… soupira-t-il en le regardant d’un air désolé. Mais le jeune garçon restait impassible, regardant devant lui, les bras et les jambes croisés. Il ne voulait pas entendre ce que le directeur avait à lui dire. Il n’était d’ailleurs pas d’humeur à écouter son baratin. Il se contentait de fixer le sol en faisant la moue. Bref, Adam se comportait comme si le directeur n’était pas là, jusqu’à ce que ce dernier se risque à lui parler de son père. Le directeur connaissait bien la mère d’Adam et il n’ignorait pas que le jeune garçon n’avait jamais connu l’homme qui avait quitté Eléonore juste avant sa naissance. Adam se leva en le coupant sèchement : – Ne me parlez pas de lui ! Vous n’avez aucun droit ! Ravi d’avoir retenu son attention, l’homme dit paisiblement : – Je vois… Il avait mis le doigt sur un point sensible et l’avait fait exprès. Adam était renfermé et d’un caractère difficile à cerner. L’absence de père avait dû y être pour beaucoup. C’était la première fois que le directeur voyait un élève souffrant d’un manque aussi exacerbé d’image paternelle. – Pourquoi te cacher derrière cette violence ? demanda-t-il calmement. Mais Adam ne voulait pas se confier : – En quoi cela vous regarde-t-il ? Ce sont mes affaires ! Pas les vôtres ! Il tournait en rond comme un lion en cage. Il voulait sortir au plus vite. – Assieds-toi… Mais Adam resta debout, face à lui. Espérant que cet entretien serait rapidement terminé : – Je n’ai pas envie d’en parler ! Et je veux que pour une fois, on me fiche la paix avec cette histoire ! Serait-ce trop vous demander ? Le directeur, voyant qu’Adam voulait en rester là, le laissa filer à regret. A peine sorti du bureau, une vision de flammes déchaînées par un vent violent traversa l’esprit du jeune garçon. Accompagnées d’un mal de crâne atroce, les voix n’en finissaient pas de murmurer : « Lève-toi guerrier … Soulève le vent qui est en toi… » Après s’être assuré qu’il n’y avait personne aux alentours, Adam déclara à haute voix : –Je me lèverai quand bon me semblera… * Si les deux premières heures se passèrent sans encombre, cela se détériora ensuite durant le cours de mathématique : Adam fut pris d’un terrible mal de tête accompagné de frissons. Il était incapable de se concentrer sur son devoir. Il voulait rester calme. Mais sa fureur était si grande qu’il ne le pouvait pas. Un sentiment de colère le submergeait si intensément que le vent commençait à se déchaîner au dehors, comme s’il était le reflet de sa tempête intérieure. Les yeux fixés sur sa feuille d’examen à peine remplie, il eut la vision d’une tornade. Il la vit tout détruire sur son passage y compris la maison des Maïnons de laquelle il parvint même à entendre les appels au secours. Ces pensées furent cependant interrompues par le directeur qui entrait dans la salle de classe, affolé : – Jeffrey Maïnon ! Venez vite avec moi ! L’élève étonné le suivit sagement. Une minute plus tard, la porte à peine refermée, le cri du jeune garçon fit sursauter toute la classe. Ce qui était arrivé à Jeffrey ne tarda pas à faire le tour du collège. Adam fut le seul à ignorer le fond de l’histoire. Il s’en moquait. Peu lui importait ce qu’il s’était passé. Le fait que la chose soit grave le comblait pleinement. Et c’est Chris qui, tout sourire, lui annonça la nouvelle, avant de rentrer chez lui. Il rejoignit Adam assis sur un banc, en train de fouiller dans son sac : – Devine ce qui est arrivé à ce pauvre Monsieur « Compte Epargne » ? La voix de Chris était hautaine. Il attendait une réponse de son ami qui, sans le regarder, finit par laisser tomber : – Je n’en sais rien et je m’en fiche ! – Tu t’en fiches ? demanda Chris perplexe. – Parfaitement ! Je m’en fiche ! fit Adam en le fixant étrangement. Il se leva lentement après avoir mis la main sur sa carte de sortie. Mais Chris le retint par le bras : – Sa maison a été détruite par une tornade… et tu t’en fiches ? A ces mots, Adam se laissa retomber sur le banc, véritablement surpris : – Quoi ? Sa maison ? Détruite ? Co… comment ? Chris ne prit pas en compte sa réaction et continua : – Par une mini tornade en fait… pendant le cours de maths… tu te rends compte ? Oui, Adam s’en rendait compte car il avait vu la tornade dans ses pensées. Vu ou fait ! Il ne savait pas en vérité. Déjà, il n’écoutait plus Chris perdu dans son récit : – Ecoute ! Je dois rentrer ! Il se leva brusquement : – A demain ! Il partit en quatrième vitesse avant même que son ami n’ait pu le retenir : – A demain… Chris fit un bref geste de la main en le regardant s’éloigner. « Que se passe-t-il encore ? » se demanda-t-il, trouvant le comportement d’Adam plus qu’étrange. Ce dernier se mit à courir comme s’il était poursuivi. Il ne rentra pas tout de suite chez lui mais préféra aller sur le pont à deux pas du collège, d’où il regarda l’eau s’écouler. « Pourquoi serais-je le fautif ? » se disait-il. Pour lui, cela n’était qu’un hasard. Un énorme hasard ! Il ne voulait plus y repenser. Même s’il ignorait comment faire. Adam finit par rentrer chez lui, la tête remplie de pensées plus ou moins bizarres. * Depuis cet évènement, les rêves d’Adam étaient toujours aussi tourmentés mais les voix se faisaient moins insistantes. Deux jours après la tornade, un pique-nique au bord de la rivière fut organisé pour fêter la fin de l’année scolaire. Et ce fut au tour de Chris d’être pris à parti par son ennemi personnel, Manuel Flanbois, le meilleur ami de Jeffrey. Ce dernier n’était pas revenu en cours et il y avait fort à parier qu’on ne le reverrait pas avant la rentrée de septembre. On le disait profondément choqué. Mais cela n’empêcha pas Manuel de reprendre en main le flambeau de la méchanceté. Manuel était pire que Jeffrey. Il pouvait s’en prendre à quelqu’un jusqu’à l’humilier totalement. Un jour, il n’avait pas hésité à cacher les vêtements de Chris pendant que ce dernier prenait sa douche. C’est Adam qui l’avait découvert dans les vestiaires, un drap de bain autour de la taille. Il l’avait aidé à retrouver ses affaires. Depuis, les deux garçons étaient devenus des amis. La classe arriva au bord de la rivière et s’y installa joyeusement. C’est à ce moment-là que leur professeure s’aperçut qu’elle avait oublié ses médicaments chez elle. Soucieuse de ne pas laisser sa classe sans surveillance, elle désigna au hasard Manuel comme responsable pendant son absence. Bien sûr, celui-ci décida de profiter de ce moment de répit pour mettre au défi Chris de venir le rejoindre sur un îlot situé face à eux : – Alors, tu n’es pas cap’ d’y aller ? Tu as la frousse… ? Chris secoua la tête en ricanant : – Toi ? Aller là-bas ? J’ignorais que tu savais nager… Piqué au vif, Manuel se jeta à l’eau sans demander son reste. Chris se doutait bien que si ce dernier arrivait à destination, les autres le pousseraient à le rejoindre. Le lieu où ils se trouvaient était assez éloigné de la ville. Personne ne s’inquiéterait de voir un adolescent nager dans la rivière. Heureusement l’eau était limpide et calme. Dans ce joli coin de verdure, la rivière était bordée par des arbres qui y prenaient racines. On pouvait même grimper sur celles qui dépassaient de l’eau. Cela faisait un très bon coin pour les pêcheurs qui connaissaient bien cet endroit. Les poissons y frayaient volontiers. Et comme Chris le craignait, Manuel arriva à bon port, souriant et fier de lui. Tous les autres, bien entendu, encouragèrent Chris à l’imiter. – Tu n’es pas obligé… laisse-le se noyer sur son île cet abruti… dit Adam qui savait son ami capable d’y aller. Tu n’as rien à prouver ! Chris ne l’écouta pas. Il enleva ses chaussures et s’avança jusqu’au bord de la rivière. À peine eut-il mis un pied dans l’eau qu’il sentit un bien-être inouï l’envahir. Il eut l’impression de ne faire plus qu’un avec la rivière. Lorsque l’eau atteignit ses genoux, Chris s’arrêta. Tous crurent alors qu’il renonçait à relever le défi. Manuel le poussait à le rejoindre en se moquant de lui. Le reste de la classe en faisait autant. Seul Adam s’inquiétait de voir son ami ainsi figé dans l’eau. Mais Chris n’entendait même pas les rires de ses camarades. Il bougea faiblement ses mains dans l’eau. « Lève-toi guerrier… Déchaîne les eaux… » Il ferma les yeux. Il vit la rivière monter encore et encore, Manuel coincé sur l’îlot avec les branches d’un arbre pour dernier refuge. Pendant que son ami restait dans l’eau sans bouger, Adam eut un étrange pressentiment. C’est alors qu’il sentit un liquide froid au niveau de ses pieds. La rivière était en crue. – Chris ! hurla-t-il tandis que son ami ouvrait lentement les yeux, alors que l’eau lui arrivait maintenant au cou. Manuel était agrippé aux branches d’un arbre. Ni une ni deux, Adam se jeta dans la rivière et ramena Chris sur la terre ferme. Immédiatement prévenus, les pompiers eurent beaucoup de peine à dégager Manuel de son perchoir. Il ne voulait pas en descendre. Leur professeure, revenue entre temps, s’en voulut de s’être absentée aussi longtemps. Malgré tout, ses élèves lui soutenaient que Manuel était le seul et unique responsable de l’affaire. Et personne ne pouvait expliquer pourquoi la rivière était montée aussi soudainement. Chris ne pouvait pas parler et il ignorait totalement s’il était dans la réalité. Il avait vu l’eau monter et avait ressenti de la sérénité à son contact. Il ne se souvenait de rien d’autre. Adam commençait à s’inquiéter de tous ces faits étranges. Il était persuadé que Chris n’était pas étranger à ce qu’ils venaient de vivre à l’instant. * Plus tard, les deux amis rentrèrent en silence. Chris se sentait affaibli. Adam soupçonneux ne put s’empêcher de le questionner : – Que s’est-il passé dans la rivière ? – Quoi ? De quoi me parles-tu ? Ils s’arrêtèrent et Adam continua sur sa lancée : – Je sais que c’est toi ! – Je… je ne sais pas de quoi tu parles ! – Je t’ai retrouvé évanoui hier ! Tu es fatigué… ces voix… ces cauchemars… tout ça ne te dit rien ? Chris le regarda hébété, en se demandant comment Adam savait tout ça : –Co… comment ? – Moi aussi… je… Leur silence en dit long. Chris commença à comprendre : – Mais alors la tornade… c’était… toi ? Mais comment est-ce possible ? Adam hocha la tête : – La tornade, c’est peut-être moi. Mais comment pouvons nous provoquer de telles choses ? Il soupira. Peut-être que nous ne sommes pas les seuls… | |
| | | Myrtille7239 Amibe
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Re: Le Grimoire de Gayac, L'Alliance Mer 28 Avr à 15:31 | |
| Chapitre n°3
« Lève-toi… ils t’attendent… » Adam avait eu une bonne intuition. De l’autre côté de la ville se trouvait une jeune fille qui se prénommait Amanda Learch. Elle aussi entendait des voix, elle en était fatiguée et à bout de nerf. Amanda vivait avec sa mère et connaissait à peine son père. En effet, Monsieur Learch passait le plus clair de son temps en voyage d’affaire. Elle avait hérité de ses yeux bleus, mais devait la blondeur de ses cheveux à sa mère. L’absence était parfois pénible, alors elle était heureuse des vacances qui s’approchaient et allaient lui ramener son père pour quelques jours. C’était peu, mais elle y était habituée. Durant cette période, elle espérait ne pas voir Joshua, son ancien petit ami qui l’avait quittée pour Mélissa, la cousine de Jeffrey Maïnon. Même si Mélissa était plus jolie, voire plus féminine qu’elle, Amanda ignorait les véritables raisons de leur rupture. Mais le fait est que Joshua et Mélissa filaient, maintenant, le parfait amour. Pour le plus grand désespoir d’Amanda, qui, en plus, devait supporter sa rivale dans sa classe. Mais en ce dernier jour d’école, elle se leva de bonne heure et elle ne voulait, en aucun cas, se lamenter sur son sort. Elle s’étira en décidant qu’elle allait passer une bonne journée. Sa chambre était peu spacieuse et une odeur de camomille s’y répandait. Le lit se trouvait à côté d’une grande l’armoire en chêne et dans un coin, il y avait son bureau toujours très bien rangé. Les fenêtres, sans volet, laissaient transparaître les faibles rayons du soleil à travers de fins rideaux violines. Amanda s’habilla à la hâte et sortit de la pièce, le cœur léger. En passant devant le salon, elle aperçut sa mère allongée sur le canapé, endormie. Elle avait dû rentrer tard de son travail et elle n’avait sans doute pas voulu la réveiller, leurs chambres étant juxtaposées. Ce sentiment positif ne dura pas longtemps ; en effet, dès qu’elle sortit de la maison, elle se sentit épiée. Elle se retourna plusieurs fois, en vain, car il n’y avait personne. Elle resta sur ses gardes, même en entrant dans la boulangerie. – Bonjour Madame Pearyl, je voudrais deux croissants s’il vous plaît. – Bonjour Amanda. La boulangère était grande mince et très aimable. Elle parlait souvent de ses enfants dont la photo trônait sur le mur au-dessus de la caisse. Par ailleurs, la boulangère n’était jamais à court de potins que ses clients se délectaient de lui raconter. – Tiens ! Deux croissants chauds pour toi, dit-elle avec enthousiasme. – Merci, répondit la jeune fille avec un grand sourire. Il me faut bien ça pour tenir la journée. – Ah oui, c’est vrai ! Ce soir ce sont les vacances… Ca va faire du bien à tout le monde ! la boulangère avait mis les mains sur les hanches. Amanda supposa qu’elle parlait de Jeffrey et Manuel. Ils n’étaient pas revenus en cours. Les deux évènements, dont ils furent victimes, avaient fait les choux gras des journaux locaux les jours précédents. Mais elle évita d’en parler à la boulangère qui était une vraie pipelette et qui risquait de la mettre en retard. Après être sortie, Amanda se dirigea vers le collège des Deux Rivières où elle étudiait également. En chemin, elle dégusta tranquillement ses deux croissants. * Bien entendu, Mélissa et Joshua furent les premières personnes qu’elle vit en arrivant au collège. Amanda était quelque peu agacée, son ex était beau, sa copine aussi et physiquement, Amanda se disait à contre coeur qu’ils allaient très bien ensemble. C’était sans doute pour cela qu’ils étaient tombés amoureux l’un de l’autre. Cependant, même si Amanda se trouvait moins jolie que Mélissa, qui était très coquette, elle n’avait pas l’intention de changer. Le couple discutait à l’entrée du collège avec quelques amis. Mais, pour Amanda, il était hors de question que ces deux-là gâchent sa journée. Elle se dirigea alors la tête haute vers leur direction. Mélissa esquissa un sourire en la voyant approcher et s’accrocha au bras de Joshua. La voix railleuse elle la salua : – Bonjour Amanda… Amanda ne se laissa pas décontenancer devant tant de provocation et elle afficha son plus beau sourire, se montrant à eux rayonnante : – Bonjour Mélissa… Joshua… elle inclina simplement la tête. Puis, elle tourna les talons en espérant que sa dernière journée se passerait bien. Elle s’assit sur un banc où elle fut vite rejointe par Britanny, qui se disait être sa meilleure amie ; sauf quand elle avait un petit ami. A la voir arriver la bouche en cœur, Amanda se disait que la jeune fille devait être célibataire. Britanny avait la fâcheuse manie de collectionner les garçons comme d’autres devenaient philatélistes. Celle-ci avait un physique avantageux et certains tombaient rapidement dans ses filets. Elle était assez petite, de longs cheveux bruns frisés ainsi que de magnifique yeux vert émeraude, qu’Amanda lui enviait. C’était une vraie pipelette, curieuse de tout. Elle pouvait poser environ cent questions par jour sur des sujets assez variés. Cela en énervait plus d’un, y compris ses petits amis du moment. Britanny lui parla de son week-end avec enthousiasme, alors qu’elle l’évitait depuis quinze jours afin de se consacrer à l’un de ses prétendants. Pourtant, Amanda ne disait rien par rapport au comportement de son « amie ». D’un naturel solitaire, cela lui faisait de la compagnie une fois de temps en temps, juste histoire de parler à quelqu’un. La sonnerie retentit. Les deux jeunes filles se dirigèrent vers leur classe. En chemin, elles croisèrent Adam et Chris. « Lève toi guerrier… ils t’attendent… » Les deux amis ainsi qu’Amanda entendirent ces voix venues de nulle part. Adam et Chris se regardèrent inquiets de les entendre aussi soudainement. Amanda décida de les ignorer, elle préféra profiter joyeusement de son dernier jour d’école. Malheureusement, les rires sarcastiques de Mélissa durant l’heure de cours lui furent bientôt insupportables. Des bourdonnements martelèrent le crâne d’Amanda. Elle crut que sa tête allait exploser. Elle prit son visage entre ses mains en fermant les yeux. Il y eut comme un bruit de fond : « Amanda… Amanda… » tout lui parut lointain puis ce fut le trou noir. * Elle se réveilla à l’infirmerie : – Où suis-je ? demanda-t-elle d’une voix faible et enrouée. – Vous êtes à l’infirmerie. Vous vous souvenez de ce qu’il s’est passé ? Sa professeure était à ses côtés, rassurée de voir que son élève avait repris connaissance. Amanda ne se souvenait de rien. Juste des bourdonnements, les ricanements de Mélissa ainsi que ces voix étranges qui ne cessaient de la harceler depuis quelques jours. – Non… je ne me souviens de rien… dit la jeune fille d’un air las. Elle évitait de trop parler car elle avait la gorge sèche. – Très bien, lui dit sa professeure avec un sourire bienveillant. Je te conseille de rentrer chez toi et de te reposer. – D’accord… merci beaucoup… L'enseignante se leva : – Quelqu’un est venu te voir… puis-je le faire entrer ? Amanda acquiesça d’un signe de tête. Tandis que sa professeure sortait, une ombre entra dans la pièce. Celle-ci se matérialisa en une personne qu’Amanda connaissait bien. Il s’agissait de Joshua. – Bonjour Amanda… tu vas bien ? J’ai appris ce qu’il t’est arrivé en cours… Le premier choc passé, elle le laissa entrer sans un mot. – Je vais bien… Elle détourna la tête vers la fenêtre. Le vent soufflait légèrement au dehors. Le soleil avait disparu derrière un gros nuage gris. Amanda était très déçue que sa journée se termine ainsi. – Tu rentres chez toi ? Joshua était assis sur une chaise à ses côtés. – Oui, je crois qu’il vaut mieux… Soudain, la jeune fille se rendit compte que, l’année prochaine, il ne serait plus. Il allait entrer au lycée, tandis qu’Amanda avait encore un an à faire au collège. Elle aurait aimé lui demander où il allait exactement mais, dans le fond, il ne valait mieux pas. Il était préférable que leurs chemins se séparent ici et maintenant. Le fait de ne plus jamais le revoir lui faisait mal. – Bon… si tu vas mieux. Il s’était installé comme un malaise entre eux. Ils n’osaient pas trop parler et Joshua se demandait pourquoi il était là devant elle. – Oui… je vais beaucoup mieux. C’était juste un gros coup de fatigue… Elle ne savait pas trop quoi lui dire. Mais elle était très touchée qu’il soit venu la voir, une dernière fois. – Bon… bonne chance pour l’année prochaine. Elle avait dit ça du bout des lèvres, voulant interrompre ce face-à-face à tout prix. Surpris par sa réaction et comprenant qu’il valait mieux en rester là, Joshua lui sourit : – A toi aussi… Il lui baisa la joue et sortit de l’infirmerie. Dès qu’il eut fermé la porte, elle se mit à pleurer. Joshua resta un petit moment derrière la porte. Au fond de lui, il sentait que cet évanouissement n’était pas normal. Il mit une main sur la porte et ferma les yeux. Quand enfin il les ouvrit, il eut un mouvement de recul et le regard surpris : – Ce n’est pas possible… murmura-t-il. * Restée seule quelques instants, Amanda sortit de son lit. Après avoir salué l’infirmière, elle rentra chez elle. Elle croisa d’autres élèves qui venaient de finir les cours du matin et allaient manger chez eux. Amanda, qui espérait être tranquille en chemin, entendit derrière elle Mélissa toujours accrochée au bras de Joshua. Comme avant son malaise en classe, elle entendit des bourdonnements. Elle commença à avoir quelques courbatures et elle transpirait beaucoup. Chaque pas qu’elle faisait était lourd. « Lève-toi guerrier… déclenche les fureurs de la terre… » Elle sentit une pression au niveau sa poitrine. La douleur était vive et extrêmement violente, comme si son cœur était arraché par des mains invisibles. Elle essayait tant bien que mal de ne pas tomber, elle titubait comme une personne ivre. Elle avait de plus en plus de mal à reprendre son souffle. Soudain, elle s’arrêta. Elle leva son regard vers le ciel puis ferma les yeux. Sa respiration s’accéléra. Dans son esprit s’était dessiné un arbre aussi grand que la douleur en elle et que la colère qui la submergeait. Soudain des cris la firent sursauter et sortir de sa rêverie. Elle ouvrit les yeux et se retourna. Ce qu’elle vit dépassa tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Le sapin de son esprit s’était matérialisé et Mélissa était coincée dedans. – Au secours ! Aidez-moi ! criait cette dernière alors que les passants regardaient la scène, hébétés. Amanda surprit le regard accusateur de Joshua posé sur elle. Comment pouvait-on la tenir responsable de ce qu’il venait de se passer ? Ne sachant comment réagir à ce qu’elle venait peut-être de faire et regardant tout autour d’elle, elle ne trouva aucune autre solution que de prendre la fuite. Elle s’arrêta de courir un instant. Essoufflée, la main appuyée contre un mur l’autre contre son ventre, elle se courba en deux. Puis elle posa ses deux mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. Ses pensées s’entremêlèrent. Elle essaya de se rappeler les secondes précédant ce moment de panique que cet événement avait déclenché en elle : La douleur dans son cœur, les voix, sa respiration haletante et la sueur qui dégoulinait sur son front. Les yeux tournés vers le sol, Amanda sentit celui-ci s’ouvrir sous ses pieds quand elle repensa à Mélissa apeurée, dans le sapin qu’elle avait fait, sans doute, apparaître. Elle ne rentra pas tout de suite chez elle mais préféra aller se promener au jardin public. Elle voulait faire le vide dans son esprit et se détendre un peu. Elle était persuadée que Joshua se doutait qu’elle était à l’origine de ce phénomène. La façon dont il l’avait regardée était très explicite. Elle le connaissait bien et c’était loin d’être un idiot. Au mieux, il était tout simplement surpris qu’un sapin de deux mètres ait tout d'un coup poussé juste devant lui. Au bout d’une heure, elle regagna sa maison. Sur le chemin, elle entendit parler du fameux sapin et elle espérait seulement qu’on ne l’avait pas remarquée. Arrivée à destination, elle entra sans se rendre compte qu’une ombre était postée dans la ruelle. Cachée derrière un poteau, elle regarda Amanda rentrer chez elle. Dans une des mains de l’ombre, recouvertes de cicatrices, se trouvait un étrange médaillon. Elle murmura : – Il est le vide… Il est la mort… Puis elle s’éloigna lentement. Amanda se dirigea vers la cuisine où se trouvait sa mère qui s’angoissait toujours pour sa fille, peu importe ce que celle-ci faisait. – Ah, tu es là ! Je me suis inquiétée ! L’école m’a téléphoné pour me dire que tu avais fait un malaise en cours. – Tout va bien maman. Je me suis sentie mal mais je vais mieux… On m’a renvoyé à la maison. – Tu es malade ? Tu veux que j'appelle le médecin ? demanda sa mère en l’examinant. Amanda se dégagea doucement : – Je ne sais pas… Je vais me reposer un peu pour le moment. Sa mère lui sourit, pas très rassurée pour autant : – D’accord. Mais tu manges un peu avant. Ça va te faire du bien. Amanda acquiesça et prit son déjeuner avant d’aller dans sa chambre s’allonger quelques instants. Elle ferma les yeux et fit un rêve troublant. Des mains allaient et venaient tout autour d’elle. Puis elles entouraient sa gorge comme pour l’étrangler. Il y avait des murmures dans une langue étrange qui ressemblaient à une musique mélancolique. « Il est le vide… Il est la mort… » Amanda se réveilla en sursaut et couverte de sueur. * Le soir venu, elle eut du mal à fermer l’œil car elle avait peur de refaire le même cauchemar. Celui-ci avait l’air tellement réel. Elle tournait en rond dans sa chambre. Un étrange pressentiment la rongeait. Elle n’était pas la seule. Chris et Adam étaient tous les deux allongés sur leur lit, les yeux grands ouverts. Ils fixaient le plafond et repensaient à la semaine qui venait de s’écouler. Ils n’arrivaient pas à comprendre comment ils avaient pu provoquer de tels phénomènes : la tornade et la rivière en crue. Ils avaient entendu parler d’un sapin de deux mètres qui avaient poussé d’un seul coup. Tous ces événements, aussi soudain les uns que les autres, ne leur plaisaient pas beaucoup. Tout comme Heather Ann, la fille de la boulangère qui somnolait, ses longs cheveux auburn étalés sur son oreiller rose. Elle ne pouvait pas croire qu’elle avait mis inconsciemment le feu à une poubelle. Il n’y avait rien eu de grave, certes, mais quelqu’un aurait pu être blessé. Sa respiration était lente mais son cœur battait la chamade. C’est alors qu’une vision frappa chacun des quatre esprits. Il y avait un palais, entouré d’un parc verdoyant, une forêt et un lac qui se terminait en cascade dans une rivière paisible. Soudain, ils pénétrèrent dans le palais où se trouvait l’ombre d’un vieil homme. Il était dans une petite pièce, assis sur un trône. Il s’adressa à eux d’une voix faible et malade : – Réveillez vous… guerriers… On vous attend… Les quatre sursautèrent et se retrouvèrent face à une petite lumière bleue. | |
| | | Myrtille7239 Amibe
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Re: Le Grimoire de Gayac, L'Alliance Mer 28 Avr à 15:31 | |
| Chapitre n°4
Elle continua sa route. Les quatre jeunes gens la suivirent sans un mot, piqués par la curiosité de savoir ce qui était apparut à l’horizon, même s’ils avaient tous peur de le découvrir. Ils descendirent un petit chemin encadré par deux immenses statues en pierre blanche qui représentaient deux guerriers. Les lames de leurs épées se touchaient. Cela devait indiquer que personne n’avait le droit de passer. Aussi curieux que cela puisse paraître, la petite lumière leur intima l’ordre de la suivre, ce qu’ils firent en silence. Les deux statues semblaient être là depuis plusieurs siècles au moins. Ensuite, ils traversèrent un pont en bois puis passèrent par un petit sentier. La lumière alla de plus en plus vite avant de disparaître. Ils se mirent à courir pour essayer de la rattraper mais une pierre sur le sol les fit tomber les uns sur les autres et leur arracha un « Aïe ! » général. A cet instant, ils remarquèrent qu’une personne se dirigeait vers eux en courant. A première vue, il s’agissait d’un homme de taille moyenne et qui portait, comme eux, une tunique mais noire et rouge. Il se frottait nerveusement les mains. – Bonjour à tous, je m’appelle Karl ! Bienvenue à Garthen ! dit-il en souriant pendant qu’Amanda, Heather Ann, Chris et Adam tentaient, tant bien que mal, de se relever. Ils ne comprenaient pas ce que l’homme leur voulait. * Aucun des quatre n’osait prendre la parole. Ils s’observèrent avec une certaine curiosité mêlée de crainte. Cependant, une voix, au ton peu appréciable, rompit enfin le silence : – Et pourquoi sommes-nous ici ? C’était Adam. Il fronçait les sourcils et avait les bras croisés. Amanda, qui regardait le jeune garçon du coin de l’œil, n’apprécia pas ce comportement. Mais elle resta silencieuse. Elle n’était déjà pas trop rassurée par ce qu’ils venaient de vivre à l’instant et encore moins par la présence de ce dénommé Karl. Ce dernier avait un physique assez imposant et le teint mat. Il était brun avec des yeux noirs. Amanda ne put s’empêcher de lui trouver un petit air de ressemblance avec Joshua. Karl répondit à Adam, mais sur un ton nettement plus sympathique : – Si vous me suivez… Vous le saurez… ! A moins que vous n’ayez peur… Les quatre jeunes gens hochèrent la tête sans un mot. Adam se mit derrière Chris. Amanda et Heather Ann se regardèrent hésitantes : – Vous suivre… pour aller… là bas… dit cette dernière. – Oui. Mais n’ayez crainte… Tous jetèrent un coup d’oeil derrière Karl puis se décidèrent à le suivre. Ils n’avaient guère le choix. L’assurance que la lumière vienne les récupérer de force chez eux l’emporta sur l’envie de s’enfuir à toutes jambes. Ils arrivèrent bientôt vers ce que Karl venait d'appeler Garthen et qui ressemblait à une vieille cathédrale. C'était un bâtiment très sombre et recouvert de diverses plantes inconnues. – Pourquoi n’avons-nous jamais remarqué cet endroit auparavant ? demanda Heather Ann qui regardait tout autour d’elle, émerveillée par tout ce qu’elle voyait à chaque pas qu’elle faisait. – Parce que vous ne vouliez pas le voir. Votre inconscient vous aveuglait… lui répondit Karl qui les arrêta net. Faites attention aux phénix. Les quatre regardèrent le ciel et ils virent une de ces étranges créatures se diriger droit sur eux. Heureusement, ils l’évitèrent de justesse. – Pourquoi avoir des animaux aussi dangereux ici ? demanda Adam furieux, alors que Chris l’écrasait de tout son poids. Les deux amis étaient tombés l’un sur l’autre afin d’échapper à l’oiseau de feu. Karl les aida à se relever : – Ils gardent le ciel… Les jeunes gens se dirigèrent vers le tas de cendre incandescent. Celui-ci remua un instant et un oiseau avec de belles et longues plumes jaunes et rouges s’envola comme une fusée et les fit tous sursauter. Karl continua : – Ils renaissent de leur cendre… C’est bien connu… dit-il amusé par leur expression de surprise. Ils ont une très bonne vue. Ils peuvent détecter la présence d’une chimère à des kilomètres à la ronde. Son regard changea et devint plus sombre. Les Chimères de Gorth sont très dangereuses… En aucun cas, elles ne doivent vous approcher ! – Qu'est-ce que c’est au juste ? lui demanda Chris. – Nous vous l’expliquerons plus tard… Pour le moment, suivez-moi… Ils pénétrèrent dans Garthen et traversèrent un long couloir aux murs blanc crème. Le sol était un très beau parquet de couleur clair sur lequel se trouvait un tapis rouge uni. Puis ils atteignirent une immense salle où des tableaux étaient accrochés sur les murs décrépis. Une impression bizarre s’empara d'eux. Car même si les images étaient inertes, les tableaux leur semblaient bien réels voire vivants. Ils représentaient des scènes de bataille, de simples paysages ou des portraits. Parmi ces visages, Amanda crut en voir un qui lui ressemblait. Il s’agissait d’une femme portant une armure, une guerrière très certainement. D'une main, elle brandissait une épée et hurlait comme si elle encourageait ses hommes au combat. Il y avait des morts tout autour d’elle et, non loin de là, un arbre qui ressemblait à s’y méprendre à celui qui avait retenu Mélissa prisonnière. Les quatre jeunes gens remarquèrent que les personnes qu’ils croisaient, avaient un air craintif à leur égard. La pièce où ils se trouvaient donnait directement sur une autre, beaucoup plus grande. Le sol était en marbre bleu et gris, le plafond que l’on distinguait à peine, était soutenu par de grosses colonnes, à demi incrustées dans des murs de pierres sombres et apparentes.. Quand ils y pénétrèrent, une atmosphère oppressante les rendit tous mal à l’aise. Karl leur fit une brève description de l’endroit : – Nous venons de sortir de la Salle aux Tableaux. Ici nous sommes dans l’ancienne Salle du Trône de Garthen. En face de vous se trouve la Salle des Armes. A votre droite, il y a l’enclos des antalis, ce sont des chevaux ailés. A votre gauche, vous pouvez distinguer deux portes. Celle de gauche mène à la bibliothèque et celle de droite au bureau d’Améni, où nous nous rendons à présent. Les quatre jeunes gens le suivirent sans un mot mais ne perdirent rien de ce qu’ils voyaient. L’intérieur de la bâtisse leur faisait penser à un ancien palais. Dans la Salle du Trône aussi se trouvaient quelques tableaux ainsi que des armes, essentiellement des boucliers et des épées. Des soieries tombaient en cascade sur les pans de murs. Des dessins étaient gravés au-dessus de chaque porte. Les quatre jeunes gens n’auraient pu dire ce qu’ils représentaient. Mais ils se doutaient bien qu’ils l’apprendraient très vite. Karl s’arrêta devant le bureau d’Améni, ouvrit la porte lentement et les laissa entrer. Ils reconnurent le vieil homme qu’ils avaient vu en rêve avant que la lumière bleue ne les téléporte dans le centre-ville. Le bureau était véritablement obscur. On distinguait difficilement le visage bouffi et cerné d’Améni. Ses cheveux blancs tombaient sur le sol recouvert d’une vieille moquette grise et trouée par endroit. Le bureau était éclairé par une unique fenêtre ainsi que par quelques bougies qui sentaient le rance. Karl se mit à côté du vieil homme et regarda les jeunes gens : – Je vous présente Améni Chearl. Ce dernier prit la parole d’une voix fatiguée : – Enchanté de vous connaître… Mais veuillez m’excuser si je ne me lève pas… Malheureusement mon âge ne me permet plus que de regarder par cette fenêtre… dit-il en se tournant vers elle. – Oui, mais… qui êtes vous ? demanda Chris. Et que faisons-nous ici ? – Disons que vous disposez de certains pouvoirs qui se sont éveillés en vous… répondit Karl qui s’assit sur une chaise. Nous voulons, dans un premier temps, vous aider à les maîtriser ! Nous ne pouvons pas prendre le risque que certains incidents se reproduisent ! Voyant de quoi il parlait, les quatre jeunes gens baissèrent la tête. Améni caressa son menton en les fixant et ajouta : – Moi ce qui m’inquiète, c’est que vos pouvoirs se soient déclarés aussi soudainement ! – Oui… et qu’à notre connaissance aucune personne de vos familles n’en possède… Karl se balançait sur sa chaise en les regardant bizarrement. – Bon ! Je vais vous faire visiter les lieux ! Nous verrons ces détails un peu plus tard… Il se leva et entraîna avec entrain le petit groupe hors du bureau. – Vous voulez nous faire visiter tout ça maintenant ? osa Adam qui levait timidement la main – Oui, pourquoi ? Vous êtes pressé ? dit Karl qui sans plus attendre commença la visite. L’immense pièce, en sortant du bureau, était bel et bien la Salle du Trône, et Garthen un ancien palais. Karl se mit face au groupe : – Cet endroit fut détruit il y a des années de cela et nous l’avons donc reconstruit dans les moindres détails ! * Pendant la visite, que tous trouvèrent incroyablement longue, tant Garthen comptait de pièces, Karl leur conta l’histoire des lieux ainsi que celle d’un monde qu’il nommait Némé-Syth. Garthen en était le palais royal et unique. Il leur parla de sa création par les Dieux et de la guerre entre les quatre régions de Némé-Syth : Fséyudi, Zayari, Yuniza, Syth. Le couronnement d’un roi unique, Keelm et la lutte de celui-ci contre deux frères, Mortalame et Gorth, les fils de son plus fidèle conseiller. La folie du roi, qui permit l’accession au trône de Mortalame, et la disparition de Gorth dans des circonstances mystérieuses. La réincarnation du roi qui se nommait elle aussi Keelm et le destin tragique qui l’unissait à sa sœur jumelle, Serleen. Leur amitié avec Zaïlar, le roi des Béomis, les rebelles du peuple de l’eau et l’histoire d’amour entre Keelm et Ferleen, la fille de Mortalame, et la naissance de leur enfant. Leur union contre Zaïlar et Serleen qui tua son frère Keelm. Ne supportant pas ce qu’elle venait de faire, Serleen se donna la mort. L’affrontement de Zaïlar face à Mortalame dans le palais de ce dernier, la Forteresse de Sang Noble. La mort du roi et celle de Ferleen par Zaïlar qui emporta avec lui le nouveau-né que la jeune femme confia à Zaïlar avant de rendre l’âme ; et enfin, la disparition du royaume de Némé-Syth. – Il y a quelques années de cela, le palais de Garthen, où nous nous trouvons, fut créé et il est identique à celui du roi Keelm. Passionnés, les jeunes gens écoutèrent Karl raconter avec verve cette histoire comme s’il l’avait vécue lui-même. Ce dernier ajouta, toujours aussi enthousiaste : – A sa mort, Mortalame révéla à Zaïlar que son frère Gorth était toujours en vie… – Vous voulez dire que c’est pour ça que les phénix sont là… dit Adam. Karl fut surpris par sa vivacité d’esprit et acquiesça d’un signe de tête : – Tout à fait… – Mais… il devrait être mort… non ? demanda Heather Ann. – Le croyez-vous ? Le père de Gorth et Mortalame n’était pas seulement le conseiller du roi Keelm, mais aussi un puissant sorcier… Karl continua la visite dans le Salle des Armes. C’est ici que vous apprendrez à maîtriser vos pouvoirs. Ce que Karl appelait la Salle des Armes ressemblait surtout à un gymnase. Il y avait des tapis sur le sol, une poutre, des anneaux ainsi que des barres parallèles. Voyant leur regard interrogateur, Karl sourit : Ne vous inquiétez pas… Cela vous servira… Il fit quelques pas vers la porte. Par ici ! Nous allons à la bibliothèque ! Celle-ci était immense et comptait plusieurs étages. Au rez-de-chaussée, trônait au centre un gros livre fermé, que les quatre jeunes gens remarquèrent aussitôt. – Bien ! dit Karl en se frottant les mains. Ici, il y a donc différents livres retraçant l’histoire de Némé-Syth et de ses habitants… Si vous désirez d’autres renseignements… – Garthen… C’est bizarre comme nom… dit Heather Ann en faisant une moue qui amusa Adam. – Nous pouvons continuer ? Car sinon la visite se finira demain… s’amusa Karl. Mais avant je vais vous présenter mon fils avant d’aller plus loin… Joshua ! En le voyant approcher d’eux, Amanda n’en crut pas ses yeux, elle avait pensé ne jamais le revoir. Elle comprenait mieux pourquoi il l’avait regardé étrangement la veille. – Je vous présente mon fils adoptif, Joshua. Amanda aurait aimé se faire toute petite et voir même oublier quelques secondes. – C’est donc vous les auteurs de ces étranges phénomènes… dit le jeune homme détendu et souriant. – Oui, c’est nous… dit Adam, surpris par l’attitude de Joshua. Joshua regarda Amanda qui se mit à rougir comme une pivoine. Elle se cacha derrière Chris. Elle n’était pas très fière d’avoir fait surgir un arbre qui avait attaqué Mélissa, la petite amie de Joshua. Elle pensait même qu’il lui en voulait vraiment beaucoup. Mais ce fut tout le contraire : – J’ai été surpris… Mais ce que tu as fait est incroyable… – Oui ! Et pour te dire la vérité, je ne le regrette pas ! dit Amanda d’un seul trait. Sans le savoir, il venait de la soulager d’un grand poids. | |
| | | Myrtille7239 Amibe
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Re: Le Grimoire de Gayac, L'Alliance Mer 28 Avr à 15:32 | |
| Chapitre n°5Dès leur entrée dans la bibliothèque, Amanda, Heather Ann, Adam et Chris avaient ressenti un étrange malaise. Le palais en lui-même leur instillait un sentiment de crainte. Karl leur avait raconté l’histoire de Garthen et celle du monde Némé-Syth. La lutte du bien contre le mal. Les batailles sanglantes pour vaincre Mortalame. Ainsi que la révélation de ce dernier : Gorth était toujours en vie. A Garthen, on craignait son éventuel retour. Les phénix qui survolaient le palais en étaient la preuve. Comme si cet homme était immortel ou avait fait en sorte de le devenir. Son père était un sorcier. Un sortilège de la sorte avait sans aucun doute été facile à réaliser. Et l’éveil aussi soudain de leur pouvoir n’était sans doute pas le fruit du hasard. Cela, ils en étaient conscients et ils ne se sentaient pas en sécurité à l’intérieur de ces murs sombres. * Karl et Joshua les avaient laissés visiter Garthen à leur guise si bien qu’Adam avait traîné dans la bibliothèque. Il ne savait pas ce que faisaient les trois autres ni où ils étaient. Adam n’avait pas voulu les suivre et préférait rester seul. Il savait bien que Chris lui raconterait tout, de toute façon. Des millions d’ouvrages étaient disposés sur des étagères immenses aussi bien en longueur qu’en largeur. Une chose le frappa d’entrée : aucun livre n'était écrit en français et encore moins dans une langue connue. Il trouvait aux lettres un aspect curieux, arrondi ou en forme de vagues. Jamais il n’en avait vu de ce genre auparavant. – C’est étrange n’est-ce pas ? Adam sursauta légèrement puis se retourna. Une jeune fille, assez grande, se tenait derrière lui. Elle avait les cheveux bruns et courts, des grands yeux verts et une petite bouche avec des dents très blanches. Son chemisier et son pantalon noir l’amincissaient beaucoup. – Qui es-tu ? Je ne t’ai jamais vu ici auparavant ? lui demanda t-elle. Il devina dans sa voix une légère hésitation. Se sentant rougir jusqu’aux oreilles, Adam lui répondit d’une petite voix : – Euh… je m’appelle Adam. Il avait à peine dit son nom qu’il put lire dans les yeux de la jeune fille une sorte d’inquiétude. Celle-ci, moins sûre d’elle, murmura : – Tu es… Adam ? Celui qui a fait apparaître une… tornade… Elle était à la fois surprise et admirative. C’est… incroyable… Adam sentit assez vite qu’elle était mal à l’aise : – Oui… Mais ce n’était pas grand-chose… – Mais enfin ! le coupa-t-elle. Est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu dois avoir de très grands pouvoirs. Ça c’est certain ! Elle acheva la discussion avec un large sourire. Puis elle sortit de la bibliothèque avant qu’Adam ne lui ait demandé son nom. Et quand il regarda autour de lui, les personnes présentes, non loin de lui, fuyaient son regard. Certains avaient même déjà quitté la pièce quand il était entré. Il ne fut donc pas trop surpris par l’attitude de la jeune fille. Il se tourna vers les rangées de livres pour aller les parcourir. Soudain, devant ses yeux ébahis, la bibliothèque se transforma lentement. Tout devint flou. Il n’y avait plus de rangées ni livres mais plusieurs instruments de torture qui devaient servir à attacher des prisonniers et leur faire subir les pires sévices. Quand il leva son regard vers les étages, il remarqua des ombres qui s’agitaient et il entendit des cris de souffrance ; et puis il se rendit compte qu’il était lui-même enchaîné. Il eut tellement peur qu’il hurla et ferma les yeux en mettant ses mains devant lui. Quand il revint à lui, tout était redevenu normal. Personne n’avait fait attention à lui. Il se décida à sortir au plus vite en se promettant de ne plus jamais remettre les pieds dans cet endroit. * Heather Ann, Amanda, Chris et Adam avaient pu rentrer chez eux dans la matinée et finir leur nuit. Aussi curieux que cela pouvait paraître, aucune personne de leur famille ne s’était rendu compte de leur absence. Ils eurent tous du mal à se déloger de leur lit douillet. En se réveillant, ils crurent avoir rêvé les heures précédentes. Cependant, la petite lumière bleue les ramena durement à la réalité. Elle se tenait devant eux, immobile. Et quand ils furent tous bien éveillés, elle disparut. En milieu d’après-midi, ils se rejoignirent sur le pont où ils s’étaient donné rendez-vous quelques heures plus tôt. Le palais flottait au loin, au-dessus de la rivière. « Une tache sombre dans un magnifique ciel bleu » pensaient-ils. Adam, lui, n’avait pas trop envie de rentrer dans Garthen et il prétexta une envie de visiter le parc qui entourait le palais. La vision dans la bibliothèque lui avait retourné l’estomac. Quand à Heather Ann, elle parcourut de long en large la Salle des Armes. Il est vrai que personne ne leur avait dit s’ils devaient faire quelque chose en particulier ni pourquoi leur pouvoir était apparu tout d’un coup, question la plus importante à leurs yeux. Il se pouvait que ceux qui se trouvaient à Garthen, comme Karl ou Améni, n’aient pas encore de réponse à leur donner à ce sujet. La Salle des Armes était immense. Le plafond était à peine visible. Les murs percés de hautes fenêtres étaient recouverts d’épées et de boucliers. Et, en plus des équipements sportifs, il y avait de vieilles armures. Heather Ann s’en approcha et les toucha du bout des doigts. Quelques-unes étaient recouvertes de rouille et de poussière. – C’est du menkel ! Un jeune homme s’approcha d’elle et devant son expression étonnée ajouta, ce métal, il lui montra l’armure, c’est du menkel. Au premier abord, elle le trouva sympathique et plutôt mignon. Il était châtain avec des cheveux mi-longs et des yeux bleus. Des fossettes s'épanouissaient sur ses joues quand il souriait. Il portait une chemise à carreaux bleus et un jean moulant. Par ailleurs, excepté Karl et Améni, tous ceux qu’elle avait croisés n’étaient pas vêtus d’une tunique comme eux quatre le matin même. Le jeune homme lui tendit une main qu’elle prit fermement : – Je m’appelle Jonathan Swin ! Et toi ? – Moi, je m’appelle Heather Ann… – Ah oui… Je vois qui tu es… Enchanté ! Poliment, il ne lui jeta pas à la figure son exploit de la semaine passée. Et devant sa retenue, elle sourit : – Enchantée également… Jonathan l’entraîna dans la bibliothèque : – En fait, je voudrais te montrer quelque chose… Tu es déjà venue, ici ? – Oui, ce matin. Karl nous a montré cet endroit. Nous y avons fait la connaissance de son fils. – Joshua ? dit Jonathan avec amusement. Vous verrez, il est vraiment sympa ! Heather Ann acquiesça en souriant. Elle revoyait la tête d’Amanda qui s’était retrouvée face à son ex petit ami. La jeune fille connaissait bien cette histoire qui avait fait assez vite le tour du collège. Jonathan continua : – Bon ! Je vais te faire une brève description des lieux. La bibliothèque compte une cinquantaine d’étages sur lesquels sont regroupés tous les livres racontant l’histoire de Némé-Syth, commença-t-il en se dirigeant vers un escalier où il l’invita à le suivre. Arrivés au deuxième étage, Heather Ann et Jonathan s’installèrent à l’une des tables. Il poursuivit son récit : – Ici, les livres sont écrits en Fséyudi. Le peuple de Feu… Heather Ann pensa à son pouvoir. Elle hocha la tête. Si bien qu’il continua, décontracté : – Il traîne quelques ouï-dire injustes sur le peuple de Feu. La plupart du temps les histoires que l'on raconte sont fausses ; ce qui revient le plus souvent, c’est qu’ils sont sanguinaires et qu’ils aiment la guerre ! Mais c’est faux ! Le menkel vient de leur mine. Eux seuls savent le travailler. Ce sont les Zayaris qui déclenchèrent les hostilités pour se l’approprier… – Les Zayaris ? – Le peuple de l’Air. Pendant des années, un commerce équitable s’était établi entre les quatre peuples. Les Yunizas, peuples de l’Eau, les Fséyudis, peuples de Feu, les Syths, peuples de Terre et les Zayaris, peuples de l’Air. Mais chacun devint cupide et menaça d’écraser l’autre pour la moindre broutille… Les Syths arborèrent la couleur blanche comme signe de supériorité. Car le blanc est la couleur divine et aussi celle du roi. Quand aux Yunizas, ils gardèrent pour eux seuls les mines Antalis, où vivent les chevaux ailés du même nom, prétextant une pénurie, ce qui une véritable crise économique car les antals étaient la monnaie de Némé-Syth. Les Zayaris, comme je te l’ai déjà dit, voulaient par la force les mines de menkel, qui est le métal utilisé pour fabriquer les armures, les épées et les boucliers ! Je crois et même je suis persuadé que c’est pour cela qu’il y eut un roi sur le trône, Keelm, et que Garthen fut construit. Mais ce palais, aujourd’hui sombre, était de couleur blanche… Le roi parvint à faire régner la paix entre les peuples. – Jusqu’à Mortalame et Gorth ? – Oui… – Mais pourquoi accuser les Fséyudis, alors ? – Oh ça ! Je pense que c’est parce que le feu fait peur… C’est aussi un peuple à l’écart des autres. Le seul lien qu’ils ont avec eux c’est le menkel, rien de plus. Il était facile de les accuser, à l’époque. Malheureusement, les années qui ont passé n’ont rien changé à la situation. C’est pourquoi, j’ai voulu te dire la vérité sur ceux dont tu as hérité le pouvoir. Surtout que les Fséyudis sont les plus mal vu ici… A cause de cette mauvaise réputation que tu ne dois pas croire. Heather Ann hocha la tête : – D’accord, je n’y prêterai aucune attention ! Jonathan se leva : – Je dois rejoindre Joshua, excuse-moi… Puis il sortit de la pièce en lui promettant de l’aider à apprendre le Fséyudi si elle en avait besoin. * Resté dans l’immense parc éclatant de verdure, Adam se trouvait à présent devant les enclos aux antalis dont Karl leur avait brièvement parlé. C'étaient de magnifiques purs-sangs noirs, blancs ou alezans. A première vue, ils avaient l’air calme. Après s’être approché de l’un deux, il eut un mouvement de recul. Il alla vérifier de box en box. Non, il ne rêvait pas. Chaque cheval avait des ailes et leur corps était recouvert d’écailles duvetées. L’immense écurie était en bois et disposait d'une piste en terre à côté. Le fait d’imaginer monter un antalis ne réjouissait Adam car il avait le vertige. Il se dirigea vers une porte qui menait dans Garthen et il se retrouva dans la Salle du Trône. Il alla ensuite dans la Salle des Armes. Il distingua au centre de la pièce deux ombres dont il ne voyait pas le visage. Elles se battaient à l’épée avec enthousiasme. Mais quand Adam s’en approcha, elles disparurent. Il resta un moment sans bouger en se demandant s’il avait encore rêvé. Il quitta la pièce pour se diriger d’un pas vif vers la bibliothèque, même s’il ne le voulait pas à cause de la vision que cela lui avait provoquée le matin même. Mais cette hallucination l’intriguait. En ouvrant la porte, il bouscula une jeune fille : – Re-bonjour, lui dit-elle en souriant. – Bon… bonjour… – Je crois que je ne me suis pas présentée la dernière fois, je m’appelle Natacha Lonay… – Oui… euh… Sais-tu où se trouve… euh… ? Adam était si troublé qu’il ne trouvait plus ses mots. – Tes amis ? – Oui, mes amis… c’est ça ! – Au deuxième étage ! Ils sont en train d’essayer de lire. Elle se mit à rire. Excuse-moi ! Ils sont avec Joshua. Natacha lui indiqua comment s’y rendre puis elle sortit de la pièce. Adam arriva à destination et les vit tous, le nez dans des livres, à essayer de comprendre les phrases écrites avec les lettres biscornues. – Pourquoi n’y a-t-il pas vingt-six lettres dans votre alphabet ? s’emporta Amanda qui n’était d’ailleurs pas très patiente dans la vie, tout en refermant son livre. Heather Ann et Chris en firent de même et lancèrent un regard désespéré à Joshua qui, en retour, leur sourit : – Je ne vous demande pas de tout comprendre aujourd’hui… Vous avez le temps… C’est alors qu’ils remarquèrent la présence d’Adam : – Je me joins à vous ? Il vint s’asseoir à leur table en prenant un des livres posés les uns sur les autres. Il était détendu même s’il repensait aux visions qu’il avait eues. Il ne savait pas comment expliquer ces phénomènes ni s’il devait en parler à quelqu’un. Et là, encore une fois, il eut une absence. Il était devant un gros livre, une plume à la main. Il était un peu plus vieux, dix-huit ans environ et il écrivait. Une personne à côté de lui dessinait. Il ne voyait pas son visage mais juste son sourire. * Adam se réveilla, allongé sur un lit dans une petite salle aux murs de grosses pierres grises. Chris se trouvait à ses côtés : – Que s’est-il passé ? Adam secoua la tête : – Je… je ne me souviens pas… Chris le regarda d’un œil soupçonneux : – D’après Joshua, tu t’es mis à parler le Yuniza… Adam se releva, les quelques souvenirs du rêve lui revinrent en mémoire : – Le Yuniza… ? – Une des langues de Némé-Syth, le monde dont Karl nous a parlé. Joshua va venir te voir. Il a trouvé ça étrange. Ce dernier entra dans la pièce : – Tu vas mieux ? – Oui… – Je vous laisse… A tout de suite… Chris sortit de la pièce. A présent, il se doutait que l’apparition de leur pouvoir n’était sans doute pas le fruit du hasard. Chris pensa à Gorth ainsi qu’aux phénix. La crainte d’un prétendu retour de cet homme l’inquiétait. Joshua pensait de même. Il n’était pas normal que des pouvoirs puissent apparaître aussi soudainement et sans raison. Mais rien ne prouvait que Mortalame et surtout Gorth en fussent la cause. – Alors ? Tu ne te souviens de rien de ce que tu as dit ? Adam sentit qu’il pouvait avoir confiance en Joshua : – Non… euh… je… – Dis-moi ce qu’il s’est passé… S’il te plaît… – Je me suis juste vu devant un livre. Il y avait quelqu’un à côté de moi. C’est assez flou en fait… – Ce n’est pas la première fois que tu as ce genre d’absence… n’est-ce pas ? dit Joshua sur un ton complaisant. Adam rougit jusqu’aux oreilles. Il baissa la tête : – Je… je… Rien ne parvenait à sortir de sa bouche sèche. – Je vois… qu’as-tu vu pendant tes autres… absences ? Tu peux me le dire, je ne répèterai rien à personne. Sans lever la tête, Adam serra de ses mains les draps de son lit. Il cherchait ses mots pour pouvoir raconter sa vision : – J’étais en prison… enchaîné… dans la bibliothèque… J'ai cru être devenu fou… A ce mot, Joshua se leva : – Je vois… Je crois savoir… Il se dirigea vers la porte. Je dois parler à Améni... Je ne lui dirai rien de ce que tu viens de me raconter… Joshua sortit de la pièce. Adam resta seul et ne comprenait pas ce que le jeune homme venait de lui dire. à suivre... | |
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