Jordan : la Roue du Temps

Encore une saga de fantasy, encore un auteur qui a bien du mal à se démarquer de leur père à tous, Tolkien, et qui reprend à son compte tous les éléments caractéristiques du Seigneur des Anneaux : nombreux personnages unis par un destin, une quête ultime mêlée à une recherche de connaissances et des origines, descriptions bariolées et pittoresques, carte du monde dont on a envie d'explorer les moindres recoins et aussi une grande lenteur dans le développement des intrigues, des dialogues parfois lourds et un style littéraire hésitant entre le clinquant et le précieux.

Chez Jordan, on est donc en terrain connu. A la lecture des premiers tomes, on y trrouve quelques autres sources d'inspiration (Moorcock notamment, pour cet aspect "destin inaltérable") mais la paternité de Tolkien est patente. Ca peut ennuyer le fan moyen qui se dit qu'il a déjà lu ça. C'est vrai. Ca peut tenter celui qui n'a jamais osé franchir l'écueil imposé par la taille du SdA : c'est vrai aussi.

Alors, faut-il lire Jordan ? Oui, bien sûr. Contrairement à de récents et prolifiques auteurs dans la mouvance de Gemmel qui apportent à la fantasy dynamisme et fraîcheur au détriment d'une langue qui s'allège considérablement jusqu'à en perdre son charme, Jordan ne renie pas ses amours. On a même droit à des chansons +/- opportunes. C'est à prendre ou à laisser, mais c'est le prix à payer pour aller au bout de la saga qui s'avère, au final, assez passionnante lorsqu'on prend le parti d'accepter les figures de style imposées.

Petite présentation de la saga de la Roue du Temps :

Robert Jordan lui-même a écrit:

"Imaginez un monde qui n'a jamais existé. Imaginez la fin du XVIIème siècle, alors que la poudre à canon est un secret d'une Guilde des Illuminateurs. Imaginez la Terre du Milieu de Tolkien sans Elfes, sans dragons, sans hobbits, mais avec ses peuples qui grandissent et évoluent réellement. Imaginez un monde détruit il y a 3000 ans par un homme qui canalisait le Pouvoir Unique. Imaginez un monde où pendant 3000 ans, la pire chose qu'on pouvait imaginer était un homme canalisant le Pouvoir Unique, touchant la partie Mâle de la Vraie Source. Car il aurait était destiné à la folie, et à la mort. Avant de mourir il aurait été un fou pouvant canaliser le Pouvoir Unique qui fait tourner la Roue du Temps qui dirige l'Univers. Ainsi, de tels hommes ont été pourchassés et abattus pendant 3000 ans. La prophétie annonce que le Ténébreux va se libérer et s'abattre sur le monde. Le Ténébreux exilé par le Créateur lors de la Création. La prophétie dit qu'un enfant va naître pour affronter le Ténébreux lors de la Dernière Bataille. Cet enfant, cet homme, pourra canaliser, et devra affronter le même destin que ces hommes. La prophétie annonce qu'il va sauver le monde et le détruire. Ceci est le début. Ceci vous prépare à la lecture de la Roue du Temps."

Un cycle en 12 volumes à l'origine (qui tardent à être traduits) où les interrogations des personnages, leurs liens +/- amicaux et la façon dont leurs destins sont intimement imbriqués est plus importante que la magie elle-même et les forces qui régissent cet univers. Il est à noter que la place des femmes dans ces romans est autrement plus importante que dans les autres sagas comparables : amies, amantes, conseillères, elles sont le garde-fou nécessaire aux hommes sur lesquels pèse la responsabilité de la survie d'un monde. Elles sont leur faiblesse et leur force.

A l'instar du Seigneur des Anneaux, le groupe originel formé d'une magicienne (les Aes Sedai sont à cette époque les seules capables de canaliser le Pouvoir Unique, mais leurs capacités sont infiniment inférieures à ce que pouvaient faire les hommes naguère, sachant que ceux-ci deviennent fous en le faisant) guidant de jeunes garçons et filles ta'veren (c'est à dire "qui ont un rôle à jouer dans le destin") vers un lieu sûr afin de les former et de les soustraire aux assauts des forces du Ténébreux, ce groupe a vite fait de se segmenter et chaque roman est ainsi construit comme les Deux Tours : on suit en parallèle la progression des éléments disparates qui parfois fusionnent puis se séparent, volontairement ou non, dans un monde où les forces du Mal sont partout mais agissent encore dans l'ombre, où les ennemis ne sont pas toujours ceux qu'on croit, où les alliances sont fragiles mais les amitiés plus fortes que le temps, où d'antiques pactes ressurgissent, où les trônes vacillent sous l'influence du jeu politique de clans rivaux et dans lequel chacun devra être amené à faire un choix crucial.

J'ai voté beaucoup, même si les personnages ne sont pas aussi charismatiques que d'autres. (Hobb ou Martin, par ex.) Bref, passons là-dessus.

Citation :

Encore une saga de fantasy, encore un auteur qui a bien du mal à se démarquer de leur père à tous, Tolkien, et qui reprend à son compte tous les éléments caractéristiques du Seigneur des Anneaux : nombreux personnages unis par un destin, une quête ultime mêlée à une recherche de connaissances et des origines, descriptions bariolées et pittoresques, carte du monde dont on a envie d'explorer les moindres recoins et aussi une grande lenteur dans le développement des intrigues, des dialogues parfois lourds et un style littéraire hésitant entre le clinquant et le précieux.

Description franche, mais pas fausse. La référence à Tolkien pourrait m'agacer si on ne parlait pas de Jordan, mais cela se justifie chez lui, surtout pour le premier tome, où on a l'impression de revivre, le style de Tolkien en moins, les évènements de Bree. Par contre, pour les autres tomes, je trouve qu'il s'étoffe de plus en plus, qu'il développe son monde, le construit ...et capte de plus en plus notre attention!Bref, je trouve que cette série est une des plus réussies pour le moment et pour ceux qui aiment se laissent emporter par les belles histoires (au coin du feu, si vous voulez! ) c'est tout à fait approprié! Quant "aux dialogues parfois lourds" je rajouterais cette phrase qui revient toutes les 20 lignes: "...and she folded her arms under her breasts" (croiser ses bras en-dessous de ses seins)..

CE que je disais à propos du tome 6 (ou 7 je ne sais plus) c'est justement cela : ce qui au départ n'était que la volonté de savoir ce qui arriverait à nos héros est passé du stade de la curiosité à l'avidité, justement parce que Jordan a réussi à dynamiser son style et à mieux équilibrer ses ruptures dans la trame.

En fait, j'aime de plus en plus. Non sans pousser quelques soupirs devant certains passages poussifs, de plus en plus rares aussi.

A voté... je ne connais pas mais ne désespére pas de connaître

Quelqu'un n'a pas du tout aimé : on pourrait avoir le commentaire siouplaît ?

moi j'ai répondu un peu car déjà vu et lu.
en fait, vu que je lis en français le temps infini de traduction m'a peu à peu détaché du cycle, et même maintenant que la médiathèque a acheté le dernier tome (enfin, le dernier paru, pas le dernier dernier tome final de la fin ultime), j'avoue ne pas l'avoir encore emprunté. un jour je le ferais, masi j'ai un peu la flemme de me replonger deedans et de racrocher les wagon que j'ai abandonné il y a plus du'n an.
sinon les personnages féminin colérique et intraitables ont un peu tendance à m'horripiler ces derniers temps, et parfois la lecture m'agaçait quelque peu, mais dans l'ensemble, ça se laisse lire. Certains rebondissements sont téléphonés, ou attendus, mettent des pages entières, voire des tomes à arriver et certains passages sont bof (le premier combat rand contre l'incarnation du méchanti m'a laissé un souvenir plus comique qu'autre chose), mais son univers a suffisament d'originalité pour accrocher (pas comme goddkind)


ok, je sors, je sors, me jettez pas dechaussures

Citation :

sinon les personnages féminin colérique et intraitables ont un peu tendance à m'horripiler ces derniers temps, et parfois la lecture m'agaçait quelque peu, mais dans l'ensemble, ça se laisse lire

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Vrai que c'est em...quelquefois de voir que presque tous les caractères féminins ont un caractère de chien! (Nynaeve décroche d'ailleurs la palme!) Heureusement, elle commence à s'amadouer...

blackwatch a écrit:

Citation :

sinon les personnages féminin colérique et intraitables ont un peu tendance à m'horripiler ces derniers temps, et parfois la lecture m'agaçait quelque peu, mais dans l'ensemble, ça se laisse lire

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Vrai que c'est em...quelquefois de voir que presque tous les caractères féminins ont un caractère de chien! (Nynaeve décroche d'ailleurs la palme!) Heureusement, elle commence à s'amadouer...

C'est ma préférée, et de loin ! Mais les commentaires de spidergirl sonnent juste et j'ai connu aussi plusieurs passages horripilants.

Petite remontée du sujet pour indiquer une interview de Mr Jordan online, mais en anglais (sorry folks!)

Vous pouvez la consulter ici:

http://www.deep-magic.net/

George R.R Martin y était interviewé le mois dernier. Par ailleurs "Deep Magic" accueille aussi des nouvelles d'auteurs débutants, qui sont, ma foi, pas mal du tout!

Enjoy!