Silent Hill, 9/05/2006
Je ne sais pas ce qui m’a le plus énervé, mais très vite, les dialogues à la limite de la stupidité et la musique sans intérêt ont clairement mis des bâtons dans les roues de mon enthousiasme. Bref, hormis des compositions de plans bien léchés et des cadrages habiles, la première heure me laissait de plus en plus sur ma faim, d’autant que le déroulement ne plaidait pas du tout en faveur de la tension attendue. Déjà, comment peut-on honnêtement vibrer pour cette (ravissante) femme qui se transforme en commando dès le lendemain des premières ténèbres ? Mon fils a eu un mot très fin d’ailleurs à ce sujet, évoquant la parenté avec le jeu vidéo : « elle est montée d’un niveau »
. D’autant que ces ténèbres ne parviennent pas à instiller la peur, ni même l’angoisse.
Pourtant, tout y est : Silent Hill est un lieu au potentiel extraordinaire dont chaque recoin, chaque pièce, chaque porte pourrait receler un danger terrifiant, un individu mystérieux, un décor surnaturel. Du coup, et très bizarrement, c’est plus dans ses déplacements sous la pluie de cendres que dans ses courses en pleines ténèbres que l’intérêt augmente, d’autant qu’en parallèle, le mari mène une enquête discrète mais efficace. J’ai d’ailleurs préféré les nombreux sous-entendus dégagés par sa discussion avec la nonne et le flic à la révélation finale, bien trop directe.
Silent Hill aurait mérité de conserver plus largement une aura de mystère et de jouer davantage sur le morbide, l’inconnu, le glauque.
Et puis, Rose s’en sort toujours si facilement ! Lorsqu’elle débouche dans la chambre d’hôtel, on entend une voix lui disant qu’elle a ENFIN réussi à la trouver, alors qu’on n’a pas vraiment l’impression qu’elle ait traversé autant d’épreuves que cela ! Mais peut-être est-ce dû à une mise en scène très dynamique : les deux heures sont passées si vite ! C’est alors que je me suis dit que j’en aurais bien pris pour une heure encore et qu’à la place d’un happening sanglant et violent, j’aurais préféré continuer de voir Rose errer dans ces décors lugubres, comme dans une lancinante exploration des abords de l’enfer.
Au final, ce sont bien ces pérégrinations qui emportent l’adhésion et entretiennent l’intérêt, c’est bien Silent Hill qui est au centre du film. Envoûtant et décalé, c’est le lieu de tous les fantasmes. La quête de la fille semble à côté si peu intense, car les images proposées inhibent l’émotion. Tout le contraire par exemple d’un
Dark Water (celui avec Jennifer Connelly) où le seul intérêt résidait justement dans cette relation mère-fille qui passait bien à l’écran. En revanche, et
a posteriori, j’ai aimé cette utilisation de personnages féminins qui occupent la quasi-totalité du film et la femme-flic est un vrai bonus pour l’histoire.
Reste au final une sensation douce-amère à l’image de la très belle fin. Sans jamais avoir vraiment adhéré, j’ai aimé suivre cette plongée dans un inconnu fascinant et, sans avoir vraiment aimé le film, j’ai adoré Silent Hill (la ville).